Le compositeur et interprète Luis Abanto Morales est originaire de la petite ville de Cajabamba, qu’il quitta – comme tant de Péruviens – à l’age de 13 ans pour Lima. Son style musical, dans la veine criolla, s’inscrit dans celui de la capitale du Pérou. Ses paroles en revanche font échos à sa condition de provincial, de métisse, comme dans El Provinciano, Cielo Serrano et surtout Cholo Soy, sa plus fameuse composition. Non sans écho avec l’approche indigéniste de José Sabogal également originaire de Cajabamba, il dresse le portrait digne et amer de la condition de cholo. Le cholo c’est le métisse de blanc et d’amérindien, c’est le villageois qui a quitté son village pour rejoindre la grande ville et c’est peut être le mot le plus important pour comprendre ce pays où la couleur de peau structure toujours les relations sociales.
https://www.youtube.com/watch?v=pBzOIi9NxRs
Traduction de Cholo soy de Luis Abanto Morales
Cholo soy
¡y no me compadezcas!
que esas son monedas
que no valen nada
y que dan los blancos
como quien da plata
Nosotros los cholos
no pedimos nada
pues faltando todo
todo nos alcanza
Déjame en la puna
vivir a mis anchas
trepar por los cerros
detrás de mis cabras
arando la tierra
tejiendo unos ponchos
pastando mis llamas
y echar a los vientos
la voz de mi quena
dices que soy triste
que quieres que haga
no dicen ustedes
que el cholo sin alma
y que es como piedra
sin voz sin palabra
y llora por dentro
sin mostrar las lágrimas
acaso no fueron los blancos
venidos de España
que nos dieron muerte
por oro y por plata
no hubo un tal Pizarro
que mato a Atahualpa
tras muchas promesas
bonitas y falsas
Entonces, que quieres, que quieres que haga
que me ponga alegre como día de fiesta
mientras mis hermanos doblan las espaldas
por cuatro centavos que el patrón les paga
quieres que me ría
mientras mis hermanos son bestias de carga
llevando riquezas que otros se guardan
quieres que la risa me ensanche la cara
mientras mis hermanos viven en las montañas
como topos escarba y escarba
mientras se enriquecen los que no trabajan
quieres que me alegre
mientras mis hermanas van a casas de ricos
los mismo que esclavas
cholo soy ¡y no me compadezcas!
Déjame en la puna
vivir a mis anchas
trepar por los cerros
detrás de mis cabras
arando la tierra
tejiendo unos ponchos
pastando mis llamas
y echar a los vientos
la voz de mi quena
déjame tranquilo
que aquí la montaña
me ofrece sus piedras
acaso mas blandas
que esas condolencias
que tu me regalas
Cholo soy
¡y no me compadezcas!
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Je suis cholo
N’aie pas pitié de moi
Ce sont des pièces de monnaie
qui ne valent rien
Et que donnent les blancs
Comme on donne de l’argent
Nous les cholos
Nous ne demandons rien
Car manquant de tout
Tout nous suffit
Laisse moi dans la puna
Vivre pleinement
Grimper les collines
Derrière mes chèvres
Labourer la terre
Tisser des ponchos
Faire paître mes lamas
Et jeter dans le vent
la voix de ma quena
Tu dis que je suis triste
Que veux tu que je fasse
Ne dites vous pas
que le cholo est sans âme
qu’il est comme la pierre
sans voix sans parole
et pleure à l’intérieur
sans montrer les larmes
Peut être n’était-ce pas les blancs
Venus d’Espagne
Qui nous donnèrent la mort
Pour de l’or et de l’argent
Il n’y eut pas un certain Pizarro
Qui tua Atahualpa
Après de nombreuses promesses
Belles et fausses
Alors, que veux tu que je fasse
Que je sois joyeux comme un jour de fêtes
pendant que mes frères courbent l’échine
pour quatre centimes que le patron les paie
tu veux que je ris
pendant que mes frères sont des bêtes de somme
portant la richesse que d’autres amassent
tu veux que le rire m’élargisse le visage
pendant que mes frères vivent dans les montages
comme des taupes qui creusent et creusent
Pendant que s’enrichissent ceux qui ne travaillent pas
Tu veux que je me réjouisse
pendant que mes sœurs vont dans les maisons de riches
Pareilles à des esclaves
Je suis cholo
Et n’aie pas pitié de moi
Laisse moi dans la puna
Vivre pleinement
Grimper les collines
Derrière mes chèvres
Labourer la terre
Tisser des ponchos
Faire paître mes lamas
Et jeter dans le vent
la voix de ma quena
Laisse moi tranquille
Car ici la montagne
m’offre ses pierres
Peut être plus douces
Que ces condoléances
Que tu m’offres
Je suis cholo
N’aie pas pitié de moi
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