Danses et musiques de la vallée du Mantaro

La vallée du Mantaro dans les Andes centrales est un des hauts lieux de la culture péruvienne. Dans sa série Sonidos del Perú, le vidéaste Vincent Moon s’y est fort heureusement attardé. Avec son style poétique et intimiste, il nous offre à voir et à écouter plusieurs de ses vivaces traditions: les orquestas típicas, la danza de las tijeras et les processions.

Les orquestas típicas constituent un des ensembles musicaux les plus étonnant du Pérou. S’ils comportaient à l’origine violons et harpes, communs dans la musique andine, ils comprennent aujourd’hui en plus des clarinettes et surtout de très, très nombreux saxophones. Ténor, alto ou baryton, il peut y en avoir une quinzaine ! Si le saxophone à été popularisé par les jazzmen américains, des chercheurs ont remarqué sa proximité avec des instruments à vent aymara qui expliquerait sa si rapide adoption dans les Andes. Les orquestas tipícas ont accompagné les légendes du huayno, Flor Pucarina et Picaflor de los Andes parmi les premiers musiciens andins à connaître une célébrité nationale.

Le film suit le talentueux saxophoniste Gady Mucha et son orquesta típica dans la petite ville d’Ullusca.

La seconde vidéo alterne entre deux performances tournées à Huancayo, principale ville de la vallée. D’une part Panteñita, une chanteuse de huayno accompagnée d’un violoniste, d’autre part la danza de las tijeras ou danse des ciseaux. Cette danse s’inscrit dans une très longue tradition qui remonterait au moins à 1600, d’ailleurs reconnue patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco. La danse des ciseaux prend la forme d’un combat stylisé entre deux danseurs ou deux groupes de danseurs, à la manière de la capoeira ou du breakdance. Des lames de ciseaux dans la main qui s’entrechoquent au rythme de la musique, ils multiplient les figures, des plus spectaculaires aux plus burlesques. Attaché à l’origine aux cultes précolombiens, la danse des tijeras conserve une forte dimension magico-religieuse marquée comme souvent dans les Andes par le syncrétisme. Les danzaq restent présents dans de nombreuses fêtes religieuses ou agricoles de la région, ou comme ici, lors d’un simple spectacle de rue.

La dernière vidéo montre une procession catholique à Huancayo. On y promène à dos d’homme la figure d’un saint, d’une vierge ou d’un christ, souvent le saint patron de la ville le jour de sa fête. Les fidèles suivent le cortège en priant, accompagnés par une fanfare. Loin d’être spécifiques à Huancayo, on retrouve de telles processions dans tous les pays catholiques. C’est cependant au Pérou qu’elles sont les plus nombreuses et les plus suivies, en témoigne la célèbre procession du Señor de los milagros à Lima qui rassemble des centaines de milliers de personne.
Dans le film de Vincent Moon, on remarque la présence de nombreux saxophones dans l’orchestre, typiques, de la région ainsi qu’une harpe, dont on imagine la difficulté de jouer en marchant. Parmi les danseurs, quelques uns sont ornés de masques, comme c’est souvent le cas lors des fêtes, des carnavals, et des processions des Andes.

Deux autres vidéos toujours par Vincent Moon autour de Huancayo:

Les véritables disques enregistrées lors des tournages, qui permettent d’écouter de nombreux morceaux non présents sur les vidéos.

 

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